Femeile din Cluj

J’ai rencontré Nicoleta, une étudiante en anthropologie. Elle vient d’un petit village au bord de la frontière avec l’Ukraine. Elle est venue habiter à Cluj pour les études. Elle termine l’équivalent d’une thèse sur les médecines alternatives de certaines régions rurales de Roumanie. Elle jure qu’elle ne retournera jamais vivre dans son village, non pas qu’elle n’ait plus de liens avec sa famille, mais parce qu’ici elle peut être elle-même. Elle porte les cheveux courts et parle avec douceur. Elle ne croit pas en Dieu mais pratique les rituels traditionnels de l’année avec sa famille. Elle ne sait pas encore ce qu’elle va exercer comme métier mais elle sait ce qu’elle ne veut pas faire!

Maria est une grand mère Roms qui habite à Pata Rat. Elle a grandi dans un orphelinat non loin de Cluj. On l’a forcée à apprendre le russe lorsqu’elle était petite mais maintenant ça ne fait rien, elle le parle quand même. Elle a toujours un briquet rouge « king size » dans sa poche, pour les cigarettes des autres et les cierges de l’église. Pour la rencontrer il faut plutôt venir avant 17h car elle est à l’église dès la tombée de la nuit.

Laura est notre traductrice. Elle passe ses examens en même temps qu’elle travaille avec notre équipe. Elle est actuellement en master de psychothérapie, son deuxième master. Elle parle sept langues, certaines qu’elle a apprises à l’école, d’autres en regardant les télénovellas, et d’autres en étant à l’étranger. Elle m’explique que sous Ceausescu, le corps de la femme appartenait à l’Etat. La femme avait des taches réparties en quatre domaines:

  • La reproduction: l’État encourage les femmes à être « productives ».
  • L’administration de la famille: comptable, ménagère.
  • L’éducation des enfants: religieuse, vie en société.
  • La production des ressources, au même titre que les hommes.

Je me demande ce qui pouvait bien rester à faire aux hommes? Laura m’explique que l’État communiste encourage les femmes à prendre un rôle dans la société. Il a pu dans un certain sens, et en terme de production, les considérer comme égales à l’homme. Mais il leur fallait quand même accomplir les taches inhérentes au sexe: la famille. Ainsi le labeur de l’homme est volontaire et valorisé et celui de la femme reste un devoir naturel.

Andréea est absolument athée. Pour elle ce n’est qu’un chemin comme un autre pour comprendre la vie. Elle est étudiante en sociologie et travaille sur un café populaire de l’ère Ceausescu, qui semblerait-il était un espace de relative liberté de parole, et où pouvait se côtoyer membres de la Securitat et prolétaires…. une zone d’autonomie dont les murs existent encore Strada Universitatii. Elle vit depuis près de 10 ans avec son compagnon. Ses parents n’ont pas tout de suite compris qu’elle parte vivre avec lui à Cluj pour les études. Ils n’ont rien contre le fait que leur fille fasse des études, c’est au contraire une fierté en Roumanie, mais vivre avec un homme! Heureusement ils partagent leur logements avec d’autres étudiants, ainsi les parents sont rassurés…

Cosmina travaille dans une entreprise de softwares qui réalise les dernières applications pour les I-Phones. Elle pratique la religion orthodoxe depuis toujours et va à la messe tous les dimanches car c’est comme prendre des forces pour recommencer la semaine. La femme de Cosmina est une femme-lumière. La femme est forte car elle peut supporter beaucoup d’épreuves. Elle donne la joie autour d’elle. Cosmina me parle du mariage chez les orthodoxes. Parmi les petites choses symboliques, le test de la mamaliga. Si vous réussissez à faire une bonne mamaliga alors vous êtes bonne à marier! Elle rigole en me racontant qu’elle s’est rendue compte un jour qu’elle ne savait absolument pas faire de la mamaliga!

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