Le brouillard se lève sur Cluj… Je découvre l’ampleur de l’expression « purée de pois » !
Je poursuis mes ballades en limitant le périmètre à nos « blocs ». Nous habitons un ensemble d’immeubles assez moderne et encore préservé des dégradations du temps… Dans le boulevard d’à côté, une trouée de béton et d’immenses immeubles de type soviétiques qui courent sur plus d’un kilomètre ! L’architecture à Cluj est atypique et j’aurais l’occasion de publier plus tard sur le Facebook des photos choisies !
En attendant je repère différents lieux du quartier qui pourraient me servir dans mes recherches pour Paloma. J’essaye de fonctionner au ressenti, aux bonnes impressions… Le premier jour de mon arrivée, je suis allée faire des courses dans une des nombreuses supérettes du quartier. J’avais repéré que l’endroit était tenu par des jeunes femmes et je voulais y revenir sans trop savoir précisément ce que je cherchais. Les deux jeunes femmes étaient là et avec elle, une autre femme un peu plus âgée qui faisait les comptes. Ce n’est pas la première fois que je vois une femme faire les comptes au milieu de son commerce à Cluj… En effet le lundi, j’ai mangé dans un restaurant tenu par une femme qui assurait d’une main de fer les commandes, le service et la comptabilité ! Paloma m’a demandé de rencontrer des femmes pour nourrir son travail de création, et entre autres des femmes « de pouvoir ». Je ne sais pas encore ce que signifie le pouvoir des femmes à Cluj. Est ce que le fait qu’une femme tienne un commerce signifie qu’elle se trouve bien placée sur l’échelle sociale ?
Dans un autre registre, j’ai rencontré lors de la conférence sur l’expulsion des familles Roms de Cluj, un professeur en sociologie qui d’après Istvan est une femme connue, très revendicatrice et militante, qui n’hésite pas à faire entendre sa voix. J’espère pouvoir la rencontrer car elle pourra surement m’informer sur sa propre histoire ainsi que sur la place des femmes dans la société roumaine.
Plus tard dans l’après midi, nous avons rencontrés Remus Gabriel Anghel, le sociologue pour la Roumanie qui participe au projet. Il nous a fourni de nombreux éléments très intéressants sur les différents phénomènes de migrations en Roumanie même si certaines informations n’étaient pas en lien direct avec notre sujet. Un pays est toujours traversé par des flux de personnes qui se déplacent, et il se construit avec les histoires de ces mêmes personnes. Chaque pays à une façon différente de percevoir les personnes étrangères qui vivent dans son sein. Par exemple, lorsqu’une communauté dépasse un certain pourcentage dans une ville de Roumanie, elle a la possibilité de demander des traductions de documents et formalités administratives. C’est le cas des Turcs, qui sont considérés comme minorité « traditionnelle » puisque la Roumanie a fait partie de l’empire Ottoman. Par contre, en ce qui concerne les Roms, c’est autre chose… Les histoires politiques s’entremêlent aux destins et certaines minorités semblent compter plus que d’autres. En France nous sommes bien placés pour le savoir !
J’ai expliqué à Rémus ce dont j’avais besoin mais c’est Istvan qui a su répondre à ma requête. Je cherche une femme dont le mari est parti travailler à l’étranger. Je cherche aussi un entrepreneur étranger venu monter son affaire à Cluj. Istvan connaît beaucoup de personnes à Cluj et a tout de suite pensé à des personnes en particulier. J’attends en continuant mon chemin de mon côté !
Demain j’ai un premier rendez-vous, ma première rencontre « professionnelle » avec des habitants de Cluj… Je vais rencontrer les familles Roms qui se sont fait expulsées avec Laura Sandu la traductrice. J’ai hâte.